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Accueil > Espace ressources pour les équipes pédagogiques > Témoignages > Être directrice en situation de handicap, est-ce possible ?

Je me présente je m’appelle SOPHIE COVACHO j’ai fais ma première direction il y a 6 ans dans un CLSH rural en Isère dans la banlieue de Vienne. J’ai exercé ces fonctions de direction volontaire après un « parcours classique » d’animatrice volontaire comme beaucoup de jeunes qui ont leur BAFA et souhaitent travailler durant l’été.

Je peux donc répondre oui à la question : « être directrice et en situation de handicap est-­ce possible ? ». Avant de vous relater les éléments qui ont été favorables à ce que cela existe, je peux vous raconter une expérience où je suis certaine que mon handicap a été le frein à mon embauche.

C’était lors de mes premières recherches de postes, j’avais trouvé un organisme qui organisait plusieurs séjours dont un à l’île de Ré, séjour pour lequel mon curriculum vitae avait été retenu. J’ai un entretien téléphonique avec le recruteur, les premières minutes de l’entretien se passent très bien, mon interlocuteur me donne carte blanche pour recruter l’équipe du séjour. Et la question fatale arrive :
« ­ Est-ce que vous conduisez ?
­ - Non je n’ai pas le permis de conduire
- ­ Pourquoi ...
- ­ ... euh... j’ai un léger handicap physique qui m’empêche de conduire »
La conversation continue quelques instants car j’essaie de lui faire comprendre que ce n’est pas un frein à l’exercice de la direction... mon adjoint de direction lui aura le permis et pourra assumer des trajets s’il y a lieu... C’est une fin de non recevoir, il me répond : « mais comment je vais le justifier aux parents des enfants ».

Mais venons en aux expériences positives. Il me semble que pour que cela soit envisageable il faut d’une part « jouer franc jeu » avec l’organisateur du séjour, et d’autre part travailler avec l’équipe d’encadrement quelque soient les fonctions des personnes.

Avec l’organisateur : dans mon cas, aujourd’hui, et au regard des différents refus auxquels je me suis heurtée, s’il accepte de me rencontrer pour un entretien d’embauche, il sait déjà que je suis en situation de handicap, même si je ne l’écris pas systématiquement sur mon curriculum vitae. Alors durant l’entretien je vais m’appliquer à lui expliquer dans les détails mon projet de direction et ce que peut imposer mon handicap et comment dans la constitution de l’équipe de direction qui va travailler avec moi je vais être attentive à ce que je ne peux pas faire puisse être compensé. Aujourd’hui un adjoint de direction qui travaille avec moi doit avoir le permis de conduire, pouvoir conduire un minibus de 9 places et accepter de beaucoup se déplacer pour aller faire les courses diverses et variées inhérentes à un ACM. Avec l’organisateur il me semble très important de ne rien éluder de la situation de handicap pour que celle­-ci ne soit plus perçue comme un frein aux fonctions de directrice que je vais devoir assumer. À partir du moment où l’organisateur peut percevoir que malgré la situation de handicap je suis au fait des différentes fonctions d’un directeur d’ACM et réaliste sur ma possibilité de les assumer alors je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas travailler ensemble. Si nous acceptons de travailler ensemble alors il devra assumer avec moi les questions des parents qui vont l’interpeller en lui demandant si je vais être capable d’assumer mes responsabilités.
Il est entendu dans ce que je vous dis, je ne vais pas postuler sur n’importe quel type de séjours. De fait, je ne vais pas postuler sur un séjour ski ou itinérant, mes limites physiques font que je sais d’avance que je me retrouverai en difficultés à un moment ou un autre.

Avec l’équipe : lorsque nous sommes à un poste de direction dans le cadre de l’animation volontaire nous n’avons pas systématiquement la main pour le recrutement du personnel. Si c’est le cas, alors le choix de travailler ensemble doit être double le mien bien sûr, mais aussi celui de la personne qui est en face de moi et qui doit faire son choix en fonction de ce qu’elle perçoit du projet de direction que je lui présente et lui donne et du déroulement de l’entretien... ma situation de handicap est alors très accessoire. Si des questions se posent alors je réponds mais c’est fort peu probable – je suis dans une situation ou celle­-ci reste invisible.

Une fois l’équipe recrutée tout n’est pas terminé, pour moi il est important que lors de la préparation du séjour « j’ouvre la porte » à l’équipe pour que les différentes personnes présentes se sentent autorisées à me poser des questions vis à vis de mon handicap. Lorsque je fais cela je souhaite que mon handicap ne soit pas un frein à notre travail ensemble... si des peurs, des craintes existent elles doivent pouvoir s’exprimer. Si des choses s’expriment, je peux y répondre... si il y a des non dits alors je ne peux rien faire.

Si je donne la possibilité du dialogue, pour moi cela ne doit pas être le principal de notre travail en commun. Bien sûr, ce qui doit être le principal de notre travail en commun doit être un travail autour du projet pédagogique et sa rédaction. Lorsque l’on travaille dans une équipe d’animation on ne travaille pas obligatoirement avec des amis. Il est alors primordial que nous ayons un texte de référence pour notre travail, ce texte c’est le projet pédagogique.

Je voudrais souligner une dernière chose, même si je ne m’appesantis pas sur ma situation personnelle par rapport à mon handicap j’insiste tout de même sur une chose avec l’équipe : si des enfants vous questionnent par rapport à mon handicap, il ne faut pas ignorer les questions et si vous ne savez pas quoi répondre, n’hésitez pas à me les envoyer pour que moi je puisse répondre à leurs questions.

Dans le cas des enfants, comme dans le cas des adultes, je vais privilégier la réponse individuelle même si une même question m’est posée plusieurs fois.

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