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Tag(s) : Organisateur, Témoignages
Thématique(s) : Est-ce que je parle de mon handicap à l’organisateur ?
L’Amicale Laïque de Couëron a une mission d’intérêt général confiée par la municipalité et gère une structure de loisirs sans hébergement sur le site de l’Erdurière à Couëron. Elle accueille environ 160 enfants de 3 à 12 ans sur ce site et organise l’été en parallèle des mini-camps, camps...
Elle est signataire de la charte de déontologie pour l’accueil d’enfants handicapés sur des séjours non spécifiques et a élaboré un protocole d’accueil à propos des enfants en situation de handicap. On peut donc dire qu’elle est sensible à cette question de la différence et a réfléchi à l’accessibilité des loisirs pour tous.
Une directrice nous annonce qu’elle souhaite accueillir dans son équipe un animateur déficient auditif qui communique avec le support de la langue des signes. Un questionnement apparaît alors en bureau principalement autour de la question de la sécurité. Les organisateurs fonctionnent alors comme si l’aspect sécuritaire était la condition unique et absolue dans la fonction d’animateur....ce qui, au regard de la loi et du bon sens, paraît effectivement incontournable ! Si l’animateur ne possède pas l’oralisation, comment peut-il être garant de la sécurité des enfants ? Ce premier temps d’échange n’est absolument pas centré sur les stratégies de compensation possibles. Nous oublions presque de transposer la démarche de réflexion que nous avions eu pour l’accueil d’enfants en situation de handicap à celle d’un accueil d’animateurs en situation identique ; c’est à dire : avoir un entretien, recevoir des informations, poser les conditions matérielles, humaines.... d’un projet d’accueil. Il nous faut recommencer les démarches de réflexion car c’est la peur qui est apparue en premier et avons besoin d’être rassuré. Ensuite, l’équipe de bénévoles décide qu’elle adoptera avec cet animateur la même démarche qu’avec tous les animateurs qui postulent à l’Amicale.
Nous recevons en entretien les animateurs qui vont faire le stage pratique ; nous leur proposons des situations concrètes, ils y répondent et enfin nous faisons les liens avec les axes de notre projet éducatif : laïcité, participation, travail en équipe ... La directrice nous propose un interprète pour notre entretien avec l’animateur déficient auditif. Nous refusons arguant qu’au ALSH, il n’aura pas ce soutien et voulons nous mettre en situation de communication réelle pour imaginer aussi ce que des parents pourraient ressentir. L’animateur nous réclame par geste papier, crayon et l’entretien se déroule de façon habituelle hormis le fait que des mots remplacent le langage oral. Nous sommes rassurés car l’animateur a parfaitement compris nos messages et nous avons ainsi pu vérifier que nous avions les mêmes valeurs. Nous faisons confiance à la directrice pour qu’elle trouve des outils adaptés pour gérer son équipe.
La directrice a énormément utilisé l’écrit pour toutes les préparations d’activités : Ceci a été bénéfique pour l’ensemble de l’équipe car ils pouvaient tous venir vérifier l’organisation ou les consignes et les mémoriser. Elle a acheté un carnet à chaque animateur pour communiquer entre eux. Cet outil a été abandonné car trop contraignant et c’est une communication gestuelle qui l’a remplacé.
Les parents ont été informés et par l’intermédiaire de leur enfant ont appris des signes : certains sont venus apporter des outils visuels. Nous n’avons pas eu de remarques négatives mais plutôt des attitudes de coopération.
La sécurité qui était notre premier réflexe d’inquiétude a été assurée par un positionnement physique de l’animateur qui s’est toujours tenu face au groupe ...ce qui a aussi permis aux autres animateurs de gérer autrement que par la parole le groupe d’enfants !
Le projet a été possible parce que c’était un projet porté par tous : organisateurs, directeur et animateurs dans un climat de confiance réciproque. Tous les acteurs étaient partants à chaque niveau de responsabilité.
− L’animateur en situation de handicap a été considéré comme un animateur à part entière même si des adaptations ont été nécessaires. Le directeur a joué auprès de lui son rôle formateur mais de la même manière qu’il doit le jouer auprès de chaque animateur.
− Les adaptations indispensables à la situation de handicap ont eu un effet intéressant pour les autres adultes de l’équipe qui y ont trouvé de nouveaux repères. Les fonctionnements usuels et parfois tacites ont été explicités et surtout re questionnés !
− On peut observer qu’une peur archaïque apparaît dès lors que nous sommes confrontés à la différence même pour des personnes qui pensent être informées et compréhensives. Nous avons pu la dépasser en l’exprimant, en nous donnant les moyens de rencontrer la personne et nous faire notre opinion. Enfin, la décision prise, une relation de confiance est indispensable.
− Nous avons eu d’autres expériences d’accueil d’animateurs en situation de handicap et notamment une qui s’est mal passée non pas à cause du handicap moteur mais du fait des problèmes de personnalité qui ont été un obstacle à la prise en compte de la parole de l’autre....mais comme pour tout autre animateur !
Gaby Clouet
7 mai 2010
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