Avec mes muscles secs et mon aiguille dans l’bec
Pour ma santé impec je dilapide tous tes kopecks

Du haut de l’hosto je domine la cité toute entière
Assis sur mon trône, arborant mon cathéter
Brandissant son petit dard, je domine tout le parterre
Dressant seringue comme étendard, encourageant mes serviteurs
Et mes deux derniers vers, ce seront les meilleurs
J’ai même une conseillère ainsi que plusieurs docteurs
Qui passent la serpillière sur mes courtisans et leurs malheurs

Avec ma puissance montée sur mon carrosse
J’observe ta conscience, la mienne n’a pas de bosses

J’accumule des drogues que je gobe et que j’avale
Votre morale est bègue et le juge me donne l’aval
S’il a raison tu recules, tout ça t’est bien égal
Il existe plein de molécules, que veut dire le mot légal
Le labo garde son pécule et se retient de soigner la gale
L’impôt qu’on lui inocule ne lui est pas très létal
Le labo est une crapule voulant revendre ton hôpital

Avec ma grande stature et mon indéniable prestance
Je soulève ta bure et te regarde en silence

La police a des tarifs et des pratiques alambiqués
Sans même agraphes ou appareillages compliqués
Il passe entre leurs griffes mon ingrédient sophistiqué
Un heureux paraphe et les euros sont distribués
Délit de faciès, fiches et graphes sont pratiqués
Le fauteuil passe au paf et le quota est respecté
Le fauteuil est en tête d’aff tu peux enfin militer

Avec mon bon sens et ma charité chrétienne
Je diminue la mienne en t’assignant une souffrance

Bande-toi les deux yeux enfin tu pourras y croire
Vas-y avec quatre moyeux sans te mouvoir
Bouche tes oreilles les deux maintenant tu vois
Que faire à la place de c’est mieux il faut le croire
Il est infirme c’est piteux c’est une bonne poire
Tu es miséricordieux avec ton trop plein de savoir
C’est pour toi soyeux d’avoir sur lui ce pouvoir

C’est ma patience et mon stoïcisme
Qui mettent en transe ton conformisme

Il est dans des apprentissages encore hygiéniques
T’as peur de son verbiage son rapport au corps te panique
Pavlov est l’adage ou préfères-tu le psychanalytique
L’institutionnel est au garage pas l’temps d’être critique
Qu’il aie des envies n’est qu’une image qui trop te pique
Ses choix tu les dégages quand il les pratique
Et toi tu choies ton ramage en étant tyrannique

Avec mes neurones pimpants et mon verbiage pompeux
Je te dis questionner les normes tu peux

Ma tubulure dans le bras projette globules rouges
Devant moi les fiers à bras docilement se bougent
Se tiennent les bras c’est une haie d’honneur étrange
Je suis à l’aise et gras et je mange et remange
Ma béquille gênera ton confort et ses doux arpèges
Ma béquille se voit sauf si je la range
Qui est l’handicapé si le noir dérange ?

Manu est là