Ma première direction il y a 6 ans dans un CLSH rural en Isère dans la banlieue de Vienne. J’ai exercé ces fonctions de direction volontaire après un « parcours classique » d’animatrice volontaire comme beaucoup de jeunes qui ont leur BAFA et souhaitent travailler durant l’été.
« Avant de vous relater les éléments qui ont été favorables à ce que cela existe, je peux vous raconter une expérience où je suis certaine que mon handicap a été le frein à mon embauche.
C’était lors de mes premières recherches de postes, j’avais trouvé un organisme qui organisait plusieurs séjours dont un à l’île de Ré, séjour pour lequel mon curriculum vitae avait été retenu. J’ai un entretien téléphonique avec le recruteur, les premières minutes de l’entretien se passent très bien, mon interlocuteur me donne carte blanche pour recruter l’équipe du séjour. Et la question fatale arrive :
« Est-ce que vous conduisez ?
- Non je n’ai pas le permis de conduire
- Pourquoi ...
- ... euh... j’ai un léger handicap physique qui m’empêche de conduire »
La conversation continue quelques instants car j’essaie de lui faire comprendre que ce n’est pas un frein à l’exercice de la direction... mon adjoint de direction lui aura le permis et pourra assumer des trajets s’il y a lieu... C’est une fin de non recevoir, il me répond : « mais comment je vais le justifier aux parents des enfants ».
Dans mon cas, aujourd’hui, et au regard des différents refus auxquels je me suis heurtée, s’il accepte de me rencontrer pour un entretien d’embauche, il sait déjà que je suis en situation de handicap, même si je ne l’écris pas systématiquement sur mon curriculum vitae. Alors durant l’entretien je vais m’appliquer à lui expliquer dans les détails mon projet de direction et ce que peut imposer mon handicap et comment dans la constitution de l’équipe de direction qui va travailler avec moi je vais être attentive à ce que je ne peux pas faire puisse être compensé. Aujourd’hui un adjoint de direction qui travaille avec moi doit avoir le permis de conduire, pouvoir conduire un minibus de 9 places et accepter de beaucoup se déplacer pour aller faire les courses diverses et variées inhérentes à un ACM.
Avec l’organisateur il me semble très important de ne rien éluder de la situation de handicap pour que celle-ci ne soit plus perçue comme un frein aux fonctions de directrice que je vais devoir assumer. À partir du moment où l’organisateur peut percevoir que malgré la situation de handicap je suis au fait des différentes fonctions d’un directeur d’ACM et réaliste sur ma possibilité de les assumer alors je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas travailler ensemble. Si nous acceptons de travailler ensemble alors il devra assumer avec moi les questions des parents qui vont l’interpeller en lui demandant si je vais être capable d’assumer mes responsabilités.
Il est entendu dans ce que je vous dis, je ne vais pas postuler sur n’importe quel type de séjours. De fait, je ne vais pas postuler sur un séjour ski ou itinérant, mes limites physiques font que je sais d’avance que je me retrouverai en difficultés à un moment ou un autre. »
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